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Invité par François Bayrou à intervenir au Forum Modem Éducation le samedi 4 février 2012 à la Maison de la Chimie à Paris, j’ai pu y exposer les problèmes soulevés par le collège.

L’école primaire, le lycée et l’université ont certes leurs problèmes, qui ne sont pas négligeables. Mais le nœud des problèmes de l’école semble en effet se situer au niveau du collège. Insécurité, incivilité, violence, manque de travail, niveaux faibles, gâchis de potentialités, gâchis de vocations… Souffrance des élèves, souffrance des enseignants… Le collège français est malade.

Quels en sont les causes et mécanismes ?
1) L’expérience de terrain et les connaissances en neurobiologie et génétique cognitives révèlent que les élèves sont dotés de potentialités cognitives et de motivations diverses. Prétendre le contraire serait mensonger ou démagogue ;
2) La part de facteurs aléatoires dans la transmission intergénérationnelle des caractères naturels de la cognition fait que cette diversité de potentialités cognitives transcende relativement l’origine sociale. Autrement dit, contre les préjugés de gauche, d’égalité et de virginité cognitive à la naissance, et contre les préjugés de droite, de reproduction dynastique des potentialités cognitives – deux préjugés qu’on peut renvoyer dos-à-dos – les caractères naturels de la cognition se transmettent d’une génération sur l’autre avec une part – relative, aléatoire et gaussienne – de redistribution. Ceci signifie, entre autres choses, que de nombreux élèves dotés de fortes potentialités sont issus de milieux populaires ou immigrés.
3) Or, le collège unique est fondé sur le dogme – la croyance – d’uniformité cognitive des élèves.

Il en découle au moins trois maux :
1) Une volonté de formatage et une violence exercées par le collège unique à l’encontre des élèves qui ont des potentialités ou des aspirations limitées, performantes ou simplement différentes ;
2) Un nivellement par le bas, et une baisse des niveaux d’exigence aux examens. Il est par exemple plus facile aujourd’hui d’obtenir un BEPC qu’un Certificat d’Études il y a cinquante ans.
3) Un gâchis des meilleures potentialités et aspirations, surtout au sein des milieux populaires et immigrés (car les enfants de milieux privilégiés savent compenser les carences du système par d’autres biais).

Quels remèdes peut-on envisager?
1) Le collège unique doit se diversifier pour s’adapter à la diversité des potentialités cognitives et aspirations des élèves ;
2) La sécurité, la paix et le travail doivent être restaurés au collège, de façon à ce que chaque élève puisse y épanouir pleinement ses potentialités et ses aspirations ;
3) À moyens financiers égaux, et une fois les deux premières conditions réunies, les enseignants doivent se montrer plus exigeants en terme de qualité de travail et de perfection à l’égard de chacun de leurs élèves, y compris ceux – et en priorité ceux – issus des milieux populaires et immigrés.

Quel est le coût de ces remèdes ? Soixante mille embauches d’enseignants ? Cent mille embauches d’emplois jeunes ? Dix milliards d’euros de dépense ? Rien de tout cela !
Il s’agit simplement de libérer le carcan administratif du collège unique, à savoir :
1) Autoriser les classes de niveau et les groupes de soutien ;
2) Multiplier les classes relais pour régler les problèmes de comportement des élèves perturbateurs ;
3) Autoriser les principaux de collège à proposer de l’apprentissage (en alternance) pour les élèves qui le désirent, ou qui en ont besoin ;
4) Autoriser les enseignants à exclure de leur cours les élèves qui ne travaillent pas ou qui empêchent les autres de travailler. Car le droit, pour un élève, de bénéficier d’une école de qualité, qui a un certain coût public, se double du devoir de travailler et de se comporter de façon civile.

En conclusion, guérir le collège français n’exige pas une énième réforme, non plus qu’un ruineux plan financier, mais simplement de le libérer du carcan idéologique et administratif qui l’empêche de fonctionner d’une façon normale et saine. Il convient donc d’assouplir le collège unique, avec douceur, mais avec endurance et persévérance.
C’est par ce « retour au naturel » et au « bon sens » que l’école et le collège français pourront redevenir cet « ascenseur social républicain » fondé par Jules Ferry.

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