À l’heure où l’opération israélienne « Pilier de la défense » a tué de nombreux civils palestiniens, et où la Palestine vient enfin d’obtenir le statut « d’État observateur non membre » de l’ONU, il semble bon de se pencher sur ce conflit que l’on qualifie volontiers « d’insoluble ». Le conflit israélo-palestinien est récurrent depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Il couvait même déjà depuis l’occupation de la Palestine par les troupes anglaises en 1917. Quelle est son histoire ? Quels sont ses blocages ? Quelles sont ses possibles perspectives de dénouement ?
Les origines antiques
Il y a un peu plus de trois mille ans, une tribu sumérienne installée à proximité d’Ur en Mésopotamie décide de marcher vers l’ouest et de s’établir au bord du littoral méditerranéen. Pour quelles raisons ? « Injonction de Dieu », selon son chef Abraham. Pour qui doute de l’existence de « Dieu », les motifs réels de l’exil décidé par Abraham demeurent inconnus. Établie au bord du littoral, la tribu vit en vase clos, refusant les mariages avec les autochtones cananéens. Une famine la pousse en Égypte. Des siècles plus tard, rentrant d’Égypte sous la direction de Moïse, les Hébreux conquièrent le pays de Canaan et s’y établissent durablement. Puis, chassés par les Romains vers l’an 70, les Hébreux sont contraints de se disperser dans le monde entier. L’existence de cette communauté éclatée oscillera entre cohabitation heureuse avec les habitants (en Andalousie ou en Afrique du Nord) et persécutions (pogroms dans les pays slaves ; Shoah entre 1934 et 1945).
La Déclaration Balfour
Deux millénaires après l’exil forcé des Juifs, au cours des années 1860-1870, la Palestine, province arabe de l’Empire ottoman, acquiert son indépendance. Mais, dans le cadre de la première guerre mondiale, en 1917, les troupes anglaises « libèrent » la Palestine de la domination ottomane et s’y établissent. Sous la pression du mouvement sioniste fondé par Theodor Herzl et de la diaspora juive (notamment Lord Rothschild), le Britannique Lord Balfour déclare par écrit que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif. » Comme le fera remarquer Arthur Koestler, « une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième ». Le drame à venir est enclenché.
Shoah, Alya, Naqba
Pendant la seconde guerre mondiale, l’idéologie nazie commet la déportation et l’extermination de plusieurs millions de Juifs dans toute l’Europe. C’est la « Shoah ». En 1945, les Juifs survivants éprouvent la nécessité de quitter l’Europe pour une terre où ils se sentiraient en sécurité. C’est ainsi qu’ils émigrent massivement en direction de la Palestine, qu’ils considèrent comme leur appartenant, comme « donnée à eux par Dieu ». C’est « l’Alya », l’émigration en « Terre Sainte ». De nombreux Palestiniens voient leurs maisons et leurs terres confisquées de gré ou de force, sont expulsés, exterminés par des commandos juifs et contraints de s’exiler hors d’Israël, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans les pays arabes voisins – Liban, Syrie, Transjordanie, Égypte… C’est la « Naqba », la « catastrophe », du point de vue des Palestiniens. Point culminant de cette Naqba : dans la nuit du 8 au 9 avril 1948, le village de Deir Yâsîn, comptant 254 hommes, femmes et enfants palestiniens qui n’ont pas accepté de fuir sous la pression des colons juifs, est massacré froidement et méthodiquement, comme à Oradour-sur-Glane, par les commandos juifs Irgoun et Stern, dirigés par M. Begin. Terrorisés par ce massacre, les Palestiniens de l’ensemble du pays fuient alors en masse leurs maisons et leurs terres – ce qui était précisément l’objectif des commandos juifs : vider l’espace de façon à pouvoir l’occuper. « Il n’y a pas de place pour les deux peuples dans ce pays. Il n’existe pas d’autre moyen que de déplacer les Arabes dans les pays voisins, tous les Arabes. Tous doivent prendre la direction de la Syrie et de l’Irak, et même de la Transjordanie » avait déjà affirmé huit ans plus tôt, en 1940, Y. Weitz, responsable du développement des terres au Fonds national juif. Telle est restée la situation aujourd’hui, soixante-quatre ans après la création de l’État d’Israël : un peuple est venu s’établir après deux mille ans d’exil sur une terre qu’il considère comme étant « la sienne » ; un autre peuple qui vivait là depuis deux mille ans se trouve terrorisé, exproprié et chassé pour lui céder la place.
Création d’un état religieux juif sur la terre de Palestine
1948 voit la création d’un État religieux juif, Israël, sur le territoire de la Palestine. Cette création est applaudie par la communauté internationale, éprise de compassion à l’égard des Juifs martyrs de la barbarie nazie. Cette communauté internationale en a-t-elle correctement évalué la légitimité, les enjeux et les conséquences ? Un état est en effet créé là où existait déjà un autre État (privé de ses droits par les Anglais) : celui de Palestine, habité par les Palestiniens.
Par surcroît, cet État d’Israël n’est pas un État laïc qui permettrait une cohabitation égalitaire des deux communautés juive et arabe musulmane ; il s’agit d’un État religieux, fondé sur la croyance en la religion juive et l’appartenance à la « communauté juive », fondé sur la croyance en la « terre promise » donnée par « Dieu » au « peuple élu ». Ce caractère religieux de l’État créé ne va pas favoriser le respect de l’égalité des droits entre les citoyens des deux communautés.
Après la prétendue « libération » (en réalité la colonisation) de la Palestine par les Anglais et la Déclaration Balfour en 1917, deux événements sont donc la cause originelle d’un conflit aujourd’hui réputé insoluble : le fait de créer un État là où il en existait déjà un ; le fait que cet État créé soit non pas laïc mais religieux.
Cette création d’un État religieux juif sur le territoire de Palestine en 1948 soulève plusieurs questions :
La terre de Palestine « appartient-elle » aux Juifs ?
La terre de Palestine appartient-elle aux Juifs, comme le prétendent certains Religieux ? Peut-on s’arroger la propriété d’une terre au motif qu’elle a été habitée par ses ancêtres deux millénaires auparavant, et alors que d’autres personnes l’ont habitée depuis ? Peut-on revendiquer la propriété d’une terre en arguant du fait qu’elle a été donnée ou « promise » par « Dieu » ? Selon quels fondements la communauté juive, en 1945, considère-t-elle le territoire de Palestine comme étant sa « propriété » ? De quel droit, réciproquement, les Palestiniens, qui habitent sur place depuis toujours, sont-ils expulsés de leurs maisons et de leurs terres ? Ces différentes questions en soulèvent deux autres : un « peuple » possède-t-il un sol ? Qu’est-ce que la « judéité » ?
Un « peuple » possède-t-il un sol ?
Nous savons qu’un individu, à l’échelle de sa vie, dans tous les pays, a des droits officiels et peut notamment détenir une propriété – une maison, un terrain. En est-il de même d’un « peuple », c’est-à-dire d’un ensemble d’individus, ce à l’échelle de quarante générations ? Ai-je, moi, aujourd’hui, des droits sur un terrain du Périgord au motif que l’un de mes ancêtres y a vécu il y a deux mille ans ? Non. Pour récupérer ce terrain, pourrais-je arguer du fait qu’il m’a été « promis par Dieu » ? L’argument n’est pas non plus tenable. Réciproquement, peut-on chasser un être humain de sa maison et de son terrain au motif qu’un autre le réclame au nom d’un droit ancestral cautionné par « Dieu » ? Un « peuple » (c’est-à-dire un ensemble d’individus) peut-il se déclarer « propriétaire » d’un territoire au nom d’une ancestralité avalisée par Dieu ? Peut-il s’absenter d’une terre et revenir y faire la place deux mille ans plus tard, chasser les habitants de leurs maisons et de leurs terrains ? Si la récupération d’une propriété confisquée a un sens et une légitimité à l’échelle de la vie individuelle, en a-t-elle à l’échelle d’un « peuple » et de quarante générations ? Qui a légitimement le droit de se prétendre « propriétaire » d’une maison ou d’un terrain : un « peuple » à l’échelle des millénaires, ou un individu à l’échelle de sa propre vie ?
Qu’est-ce que la « judéité » ?
Nous savons que tous les êtres humains appartiennent à l’espèce humaine homo sapiens sapiens apparue il y a une centaine de milliers d’années. Nous savons ce qu’est être blanc ou noir : une question de couleur de peau. Nous savons ce qu’est être bouddhiste ou protestant : une question de religion. Nous savons ce qu’est être A1sacien ou Breton : le fait d’habiter dans telle ou telle région.
Mais qu’est-ce qu’être « Juif » ? Quel est le sens de ce qualificatif ? S’agit-il d’une caractéristique religieuse, ethnique, culturelle ?
S’agit-il d’une religion ? Dans ce cas, la religion étant une affaire privée, donne-t-elle le droit à la revendication d’une maison ou d’un terrain et à l’expulsion de ses habitants ?
S’agit-il d’une appartenance ethnique, « génétique » (si l’on s’en réfère à la coutume du « mariage fermé » et à la « filiation par la mère ») ? Cette notion, au-delà de son caractère « raciste », ne se met-elle pas en porte-à-faux avec l’universalité génétique d’homo sapiens sapiens ? Quelle est par ailleurs la valeur de cette « appartenance ethnique » si l’on considère le brassage manifeste des gènes entre Juifs et non-Juifs depuis deux mille ans ?
S’agit-il seulement d’une culture ? Alors en quoi se justifierait la création d’un État, et qui plus est d’un État religieux ?
La question de la « judéité » – de ses fondements, de sa nature, de ses justifications – interroge donc, autant que celle de la « propriété » intergénérationnelle d’un territoire par un « peuple ».
La question finale qui peut être posée est : en quoi un ensemble d’être humains peuvent-ils chasser de leurs maisons et de leurs terrains d’autres êtres humains au motif que leurs ancêtres ont occupé cette terre deux mille ans auparavant ?
L’impasse actuelle
Au-delà de ces questions, la situation actuelle est la suivante :
- Une population de 5.700.000 Juifs issus de la diaspora occupe ou contrôle 98,7 % du territoire de Palestine (puisque seule la bande de Gaza n’est pas sous le contrôle d’Israël) et a créé, avec l’aval de l’ONU, un État religieux pour y entériner et légitimer sa présence ;
- 8.000.000 de Palestiniens vivent hors de l’État d’Israël – reclus en Cisjordanie, dans la bande de Gaza (sous embargo, avec le minimum vital) ou exilés dans les pays arabes limitrophes ;
- la communauté internationale est partagée entre sa compassion à l’égard des Juifs martyrs de la Shoah, sa responsabilité d’avoir accepté la création d’un État juif religieux sur le territoire de la Palestine en 1948 et sa compréhension du drame humain palestinien. Elle est partagée entre deux compassions contradictoires. Elle est donc impuissante, ne sachant comment « trancher » ni comment « aller de l’avant ».
De fait, Israël et les territoires palestiniens sont depuis 1948 en guerre permanente, avec un bilan de milliers de morts civils de part et d’autre (beaucoup plus du côté arabe que juif).
Cette situation conflictuelle est en apparence insoluble parce que :
- jamais les Juifs n’accepteront de remettre en cause la légitimité de l’État d’Israël, dont ils estiment avoir hérité la propriété d’un droit ancestral ou de Dieu, ni de laïciser leur État, ni d’envisager l’égalité des droits avec les Arabes musulmans, ni d’envisager la libre circulation des Palestiniens sur le territoire Palestine-Israël ;
- jamais les Palestiniens, de leur côté, n’accepteront ni ne pardonneront d’avoir été chassés par les Juifs de leurs maisons, de leurs terrains et de leur pays, avec la complicité bienveillante de la communauté internationale.
Le processus de séparation ethnique initié par les Juifs en 1948 et cautionné par l’Occident est sans issue pacifique.
Ce qui aurait pu être fait
Pour essayer d’entrevoir quelles solutions auraient pu être envisagées, nous pouvons nous fonder, au nom des Droits de l’homme, sur les principes axiomatiques suivants :
- On ne peut pas interdire aux Juifs qui le souhaitent de venir s’établir sur le sol de Palestine ;
- On ne peut pas obliger les Palestiniens à céder leurs biens ou se déplacer ;
- Le fait d’avoir subi le drame de la Shoah, aussi horrible fut-il, ne donne pas aux Juifs le droit de priver les Palestiniens de leurs propres droits.
Dans ce cadre, en 1945, les pays occidentaux auraient pu financer un fonds mondial pour l’achat légal, au prix fort, de maisons et de terrains auprès de Palestiniens volontaires pour vendre leurs biens, ce sans recours à la force, ni pression, ni expulsion, ni exécutions, ni massacres, ni exil.
Les pays occidentaux auraient pu également, de façon cohérente avec cette démarche, empêcher l’instauration d’un État religieux juif à l’intérieur d’un pays, et contribuer à la transformation de la Palestine en un État laïc égalitaire et multiconfessionnel, permettant au deux communautés musulmane et juive de vivre en bonne intelligence sur le même sol. Il y avait, il y aurait eu, de la place pour tout le monde.
Les Palestiniens volontaires auraient pu vendre leurs biens immobiliers à un prix fort leur assurant une vie plus que décente, soit sur le sol de Palestine soit à l’étranger. Il n’y aurait pas eu d’expulsions, ni de menaces, ni de massacres, ni de camps de réfugiés, ni de « ghetto de Gaza ». Considérés comme des citoyens égaux aux Juifs en droit et en dignité dans un État de Palestine laïc et multiconfessionnel, les Palestiniens n’auraient pas souffert et n’auraient donc pas nourri de ressentiment à l’égard des Juifs comme c’est aujourd’hui le cas.
Si les pays occidentaux, à commencer par la Grande-Bretagne, avaient procédé de cette façon, la situation serait aujourd’hui celle d’un État laïc, égalitaire, multiethnique, multiculturel et multiconfessionnel vivant en paix.
Financement du fonds d’achat légal
Qui aurait financé ce fond d’achat légal des biens palestiniens ? Les Juifs ? Non. Car ils ne sont pas responsables de la Shoah (qui est la cause de l’Alya).
La responsabilité de la Shoah incombe aux pays occidentaux, à la deuxième guerre mondiale, à la montée du nazisme, à la crise financière de 1929, à la spéculation boursière, au Traité de Versailles, à la première guerre mondiale… Elle incombe de façon globale aux pays occidentaux belligérants entre 1914 et 1945.
En 1945, c’était donc aux pays occidentaux réunis, les pays d’Alya en particulier (France, Angleterre, Espagne, Maghreb, États-Unis, mais aussi Argentine, Russie…), de financer un fonds d’achat légal des biens palestiniens, dans le contexte, nous l’avons dit, d’un État de Palestine laïc, égalitaire et multiconfessionnel établi par les Nations Unies.
Chaque pays concerné aurait pu cotiser à ce fonds à hauteur de l’effectif de sa diaspora juive émigrant en Palestine.
La face du Proche Orient en serait aujourd’hui différente.
Au lieu de cela, les pays occidentaux ont laissé les Juifs exproprier les Palestiniens et créer un État religieux juif à la place de l’État palestinien.
Il est vrai que les pays occidentaux avaient alors d’autres urgences à régler, des finances exsangues et un sentiment de culpabilité et de redevance vis-à-vis de la communauté juive, à laquelle ils ont laissé les mains libres sur le sol palestinien. Les pays occidentaux se sont débarrassés à bon compte de la question juive par le sacrifice de la Palestine et des Palestiniens, considérés comme menu fretin.
Est-il trop tard pour bien faire ?
A-t-on procédé à l’estimation des biens – maisons, terrains – confisqués aux Palestiniens et des préjudices subis par leur exil ? Cette estimation est-elle irréalisable ? La valeur financière de cette estimation est-elle hors de portée des capacités financières actuelles des nations occidentales réunies ?
Lorsqu’un conflit – entre deux enfants, entre deux conjoints, entre deux familles – a pour origine une spoliation ou une injustice de nature légale et/ou financière, on sait que ce conflit n’a pas d’autre issue que la réparation de l’injustice initiale. Lorsque la justice est rétablie, même des décennies plus tard, le ressentiment s’apaise et le conflit s’éteint de lui-même, privé de raison d’être.
La solution
Il existe une solution au conflit israélo-palestinien : que les pays occidentaux évaluent le préjudice subi par chaque famille palestinienne à l’époque de la Naqba et réunissent les fonds nécessaires à leur indemnisation au prix fort. De la réparation naîtra l’apaisement et se dissoudront les rancœurs. Et seulement d’elle. Tant que vivront des Juifs et des Palestiniens, aucune autre issue ne sera à espérer.
L’ONU devra par ailleurs demander – au besoin imposer – à Israël la stricte égalité de droits sur son sol entre les citoyens juifs et arabes musulmans, sous peine d’être une société d’apartheid, raciste et ségrégationniste. Une fois cette égalité établie, les questions de « frontière » entre Israël et la Palestine n’auraient plus d’enjeu, n’auraient plus lieu d’être, non plus que la plupart des résolutions de l’ONU, non plus que le fameux « mur de la honte », les checkpoints, les vérifications d’identité, les miradors ou les embargos contre Gaza. Les Juifs et les Arabes cohabiteraient sur un même vaste territoire à égalité de droit. Ce tout simplement parce que, au-delà de leur différence religieuse, ils sont les uns et les autres des homo sapiens sapiens et qu’aucun ne détient plus que l’autre le « droit divin ou ancestral » de vivre sur cette terre ni de refouler son frère derrière des murs.
Oui, une solution existe : dédommager financièrement les Palestiniens au prix fort grâce à la constitution d’un fonds occidental, laïciser Israël et faire tomber les frontières entre les deux communautés.
Il est hautement probable qu’Israël et les Juifs du monde entier rejettent farouchement ce scénario. Ils comprendront un jour qu’il en va de leur propre intérêt, s’ils veulent vivre en paix et en sécurité parmi les Palestiniens sur le territoire de Palestine, que « Dieu » n’a donné à personne.
Un enjeu important pour la France
La France est probablement le pays du monde qui combine la plus forte proportion à la fois de citoyens juifs (entre 500.000 et 600.000), sensibles au sort des Juifs d’Israël, et de citoyens musulmans d’origine arabe (entre 5 et 6 millions), sensibles au sort des Arabes musulmans de Palestine et d’Israël. La France est donc le pays pour lequel l’impact négatif du conflit israélo-palestinien est le plus fort, qui risque notamment d’engendrer le plus de tensions, d’actes criminels et terroristes sur son territoire (comme en témoigne récemment le drame de l’affaire Mérah). La résolution du conflit israélo-palestinien est un enjeu majeur pour la France, très attachée au respect de ses communautés à la fois juive et musulmane, sans lesquelles la France ne serait pas la France.
Enfin, au-delà de l’intérêt de la France, il en va bien sûr de l’intérêt des populations palestiniennes, mais aussi de la communauté juive israélienne. Dans la défiance, la ségrégation, l’oppression, l’humiliation, la tension, la violence et la peur, on ne vit pas en homme ; on survit, en sous-homme.
La Déclaration de Lord Balfour de 1917, après avoir promis à Lord Rothschild la possibilité d’établissement d’un foyer juif en Palestine, précise : « …étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine. » Si on veut régler le conflit israélo-palestinien, il ne reste donc plus qu’à accomplir la Déclaration Balfour jusqu’à son point final – elle qui en fut le point de départ.
Chr. Chomant, 30-11-2012